À propos de Darwin
J'ai un gros problème avec Darwin. Pas l'homme lui-même, je ne l'ai pas connu et il est mort depuis trop longtemps. Bien sûr, on peut s'objecter à ce qu'il a dit sur la hiérarchie des races humaines et sur la nécessité de l'eugénisme, mais bon, c'était un homme de son temps, un bon anglais raciste.
Mon problème n'est pas tant avec ce qu'il était qu'avec ce qu'il est devenu. Un symbole. Un étendard. Un "crois ou meurs". La théorie de l'évolution est devenue l'arme préférée des grands prêtres de la communauté scientifique, et de leur cohorte de vassaux, pour soumettre le bon peuple. Le combat contre les méchants créationistes est ainsi comme une guerre au terrorisme: vous êtes avec nous, ou vous êtes contre nous. Mais surtout, ne posez pas trop de questions.
C'est ainsi qu'une théorie qui est pleine de trous se prétend être la plus grande réussite de "la science". Évidemment, ni une théorie, ni "la science" ne peuvent prétendre à quoi que ce soit. Encore une fois, ce sont les grands prêtres en action, et non des entités abstraites.
Toujours est-il que la situation a dégénéré au point où il est très difficile de se défaire du "darwinisme". Un peu comme pour les changements climatiques, on peut montrer qu'il y a des failles importantes, ou même que toute la théorie ne tient pas, et conclure en affirmant quand même sa foi dans la "sélection naturelle", et dans la grandeur du vieux Darwin.
L'autre jour, il y avait un autre de ces documentaires sur PBS à propos de Darwin. Comme toujours, les images (en HD) étaient magnifiques. Et comme presque toujours, le commentaire était totalement pourri. On présentait la sélection naturelle d'une manière qui semble à première vue logique, mais qui, si on y pense le moindrement, démontre à quel point cette vision naïve ne tient pas la route.
Voici: parmi les îles Galapagos, il y en a où poussent des plantes aux graines très grosses et très dures. Il faut donc à un oiseau un gros bec épais pour les briser. D'où sélection, évolution, etc. Et sur d'autres îles poussent des fleurs aux corolles profondes, qui demandent des becs longs et fins. D'où re-sélection et re-évolution vers ce type de bec. Merveilleux. Flash de génie de Darwin (enfin, un flash qui lui a pris quelques décennies...).
Bon. Mais si on prend le problème à l'envers, c'est-à-dire du point de vue de la plante elle-même, celle qui a de grosses graines dures devrait évoluer vers un autre type de graine pour échapper aux oiseaux au gros bec. Pourquoi cela ne s'est-il pas produit? Idem pour toutes les espèces qui dépendent de la prédation d'une autre espèce. Ainsi, on parle de l'effet de la "reine rouge", une sorte de fuite en avant qui poussent les espèces interdépendantes à se surpasser constamment.
Mais ce qui ressort surtout, c'est qu'on ne peut considérer l'évolution d'une seule espèce en isolation de son interaction avec les autres espèces. C'est tout le système qui évolue! Mais Darwin n'a jamais pensé à cela. Ce n'est que tout récemment qu'on commence à réaliser qu'une théorie "holistique" de l'évolution peut être une alternative puissante à la conception darwinienne, ou néo-darwinienne. Ainsi, les travaux de Stuart Kaufman, ou Robert Ulanowicz, ce dernier venant du domaine de la modélisation des écosystèmes. Je n'ai pas eu assez de temps encore pour approfondir leurs vues (c'est très mathématique), mais il me semble qu'il y a là une avenue prometteuse.
Et s'il fallait, au bout du compte, jeter à la poubelle toute l'idée de sélection naturelle, et de la "survie du plus fort"? S'il fallait admettre que Darwin nous a mené dans un cul de sac? Qu'il faut tout reprendre à zéro? Qu'adviendrait-il alors de cette guéguerre aux créationistes? On ne pourrait plus brandir Darwin à tout bout de champ. Il faudrait un autre héro.
Quelques remarques pour finir. J'essaie de décrire la technologie comme un type de système évoluant d'une façon analogue aux systèmes vivants. Rien de nouveau là-dedans, plusieurs se sont déjà penchés là-dessus, quoiqu'avec un succès mitigé. On se frappe toujours au même problème du supposé "lamarckisme" de l'évolution de la technologie. Lamarck est, pour une raison que j'ignore, un tabou pour les évolutionistes. Mais bon, je pense que j'ai trouvé comment montrer que cela n'a rien à voir, et que les systèmes vivants et technologiques partagent des caractéristiques fondamentales, et donc qu'ils peuvent être décrits avec les mêmes outils théoriques, à condition de généraliser ces outils. Mais dans toute cette réflexion, c'est la réalisation qu'une approche holistique est nécessaire qui m'a poussé à chercher une telle approche dans la littérature.
Et comme la Chine n'est jamais bien loin dans mes pensées, il est impossible de ne pas réaliser que la pensée et la philosophie chinoise étaient bien plus conscientes de la nécessité d'une approche holistique. On ne peut pas savoir aujourd'hui quelle direction cette philosophie aurait prise si ce n'avait été de l'hégémonie de la pensée occidentale et de son réductionnisme. Mais il demeure dans le taoïsme en particulier des éléments qui sont terriblement "modernes" dans leur approche de la complexité et de l'évolution. Tout ça reste à ficeler dans un tout cohérent, mais j'espère pouvoir en faire une base pour la présentation de mon futur ouvrage (toujours aussi virtuel...).
Mon problème n'est pas tant avec ce qu'il était qu'avec ce qu'il est devenu. Un symbole. Un étendard. Un "crois ou meurs". La théorie de l'évolution est devenue l'arme préférée des grands prêtres de la communauté scientifique, et de leur cohorte de vassaux, pour soumettre le bon peuple. Le combat contre les méchants créationistes est ainsi comme une guerre au terrorisme: vous êtes avec nous, ou vous êtes contre nous. Mais surtout, ne posez pas trop de questions.
C'est ainsi qu'une théorie qui est pleine de trous se prétend être la plus grande réussite de "la science". Évidemment, ni une théorie, ni "la science" ne peuvent prétendre à quoi que ce soit. Encore une fois, ce sont les grands prêtres en action, et non des entités abstraites.
Toujours est-il que la situation a dégénéré au point où il est très difficile de se défaire du "darwinisme". Un peu comme pour les changements climatiques, on peut montrer qu'il y a des failles importantes, ou même que toute la théorie ne tient pas, et conclure en affirmant quand même sa foi dans la "sélection naturelle", et dans la grandeur du vieux Darwin.
L'autre jour, il y avait un autre de ces documentaires sur PBS à propos de Darwin. Comme toujours, les images (en HD) étaient magnifiques. Et comme presque toujours, le commentaire était totalement pourri. On présentait la sélection naturelle d'une manière qui semble à première vue logique, mais qui, si on y pense le moindrement, démontre à quel point cette vision naïve ne tient pas la route.
Voici: parmi les îles Galapagos, il y en a où poussent des plantes aux graines très grosses et très dures. Il faut donc à un oiseau un gros bec épais pour les briser. D'où sélection, évolution, etc. Et sur d'autres îles poussent des fleurs aux corolles profondes, qui demandent des becs longs et fins. D'où re-sélection et re-évolution vers ce type de bec. Merveilleux. Flash de génie de Darwin (enfin, un flash qui lui a pris quelques décennies...).
Bon. Mais si on prend le problème à l'envers, c'est-à-dire du point de vue de la plante elle-même, celle qui a de grosses graines dures devrait évoluer vers un autre type de graine pour échapper aux oiseaux au gros bec. Pourquoi cela ne s'est-il pas produit? Idem pour toutes les espèces qui dépendent de la prédation d'une autre espèce. Ainsi, on parle de l'effet de la "reine rouge", une sorte de fuite en avant qui poussent les espèces interdépendantes à se surpasser constamment.
Mais ce qui ressort surtout, c'est qu'on ne peut considérer l'évolution d'une seule espèce en isolation de son interaction avec les autres espèces. C'est tout le système qui évolue! Mais Darwin n'a jamais pensé à cela. Ce n'est que tout récemment qu'on commence à réaliser qu'une théorie "holistique" de l'évolution peut être une alternative puissante à la conception darwinienne, ou néo-darwinienne. Ainsi, les travaux de Stuart Kaufman, ou Robert Ulanowicz, ce dernier venant du domaine de la modélisation des écosystèmes. Je n'ai pas eu assez de temps encore pour approfondir leurs vues (c'est très mathématique), mais il me semble qu'il y a là une avenue prometteuse.
Et s'il fallait, au bout du compte, jeter à la poubelle toute l'idée de sélection naturelle, et de la "survie du plus fort"? S'il fallait admettre que Darwin nous a mené dans un cul de sac? Qu'il faut tout reprendre à zéro? Qu'adviendrait-il alors de cette guéguerre aux créationistes? On ne pourrait plus brandir Darwin à tout bout de champ. Il faudrait un autre héro.
Quelques remarques pour finir. J'essaie de décrire la technologie comme un type de système évoluant d'une façon analogue aux systèmes vivants. Rien de nouveau là-dedans, plusieurs se sont déjà penchés là-dessus, quoiqu'avec un succès mitigé. On se frappe toujours au même problème du supposé "lamarckisme" de l'évolution de la technologie. Lamarck est, pour une raison que j'ignore, un tabou pour les évolutionistes. Mais bon, je pense que j'ai trouvé comment montrer que cela n'a rien à voir, et que les systèmes vivants et technologiques partagent des caractéristiques fondamentales, et donc qu'ils peuvent être décrits avec les mêmes outils théoriques, à condition de généraliser ces outils. Mais dans toute cette réflexion, c'est la réalisation qu'une approche holistique est nécessaire qui m'a poussé à chercher une telle approche dans la littérature.
Et comme la Chine n'est jamais bien loin dans mes pensées, il est impossible de ne pas réaliser que la pensée et la philosophie chinoise étaient bien plus conscientes de la nécessité d'une approche holistique. On ne peut pas savoir aujourd'hui quelle direction cette philosophie aurait prise si ce n'avait été de l'hégémonie de la pensée occidentale et de son réductionnisme. Mais il demeure dans le taoïsme en particulier des éléments qui sont terriblement "modernes" dans leur approche de la complexité et de l'évolution. Tout ça reste à ficeler dans un tout cohérent, mais j'espère pouvoir en faire une base pour la présentation de mon futur ouvrage (toujours aussi virtuel...).
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