La vie au XXIe siècle

La nature humaine, l'évolution, l'univers...

Ma photo
Nom :
Emplacement : Tomifolia, Québec

Un proche cousin d'un bonobo du même nom qui, comme moi, tapait sur un clavier pour communiquer.

30 novembre, 2005

Co-évolution du langage et de la théorie de l'esprit

Je viens de découvrir ce colloque "en ligne" qui approfondit exactement les questions qui me sont venues à l'esprit suite à la lecture de Dunbar. Je n'ai encore lu que l'article de Anne Reboul (en français s.v.p.). Elle fait, en s'en défendant bien, un rapprochement entre l'ontogénie et la phylogénie pour analyser le développement possible du langage, et c'est là une approche qui m'était venue à l'esprit, mais je n'avais jusqu'à présent trouvé aucun article qui l'utilise. Entre autres, Anne Reboul cite des travaux qui montrent que le développement du langage précède le développement d'une "théorie de l'esprit" (ToM: theory of mind) complète, dans le développement de l'enfant, et utilise ce fait pour faire l'hypothèse que la ToM n'est peut-être pas nécessaire pour le développement du langage chez l'humain.

Ce matin, à la radio, une entrevue avec Jean-Marie Hombert, spécialiste du langage et directeur du département de humanités et sciences sociales au CNRS en France. Il est aussi directeur du programme EUROCORE "The Origin of Man, Language and Languages". Cette entrevue est ce qui m'a mis sur la piste du colloque. Il mentionnait aussi le lien entre le néo-cortex et l'aptitude au langage, mais ce problème de l' "oeuf et de la poule" n'est pas encore résolu.

Il me semble quand même que la piste des différents "types" de langage pourrait être fructueuse. Peut-être que l'emphase sur l'aspect de communication émotionnelle, bien que rafraîchissante, occulte les autres usages du langage. Je pense, entre autres, à l'usage de "information sur les ressources", par exemple les sources de nourriture. Les humains sont omnivores, et de tout temps se sont nourris non seulement de viande (la viande est la plupart du temps une source minoritaire), mais d'un grand nombre de plantes, fruits, racines. Dans nos sociétés industrialisées, on en a perdu la trace, mais les chasseurs cueilleurs possèdent un vocabulaire très complet pour nommer ces sources de nourritures, sans compter leurs connaissances approfondies de leur "histoire naturelle", un fait qui est souligné, entre autres dans "Guns, Germs, and Steel" de Jared Diamond. La transmission d'information sur les sources de nourriture ne requiert pas un langage avec une syntaxe et une grammaire très complexe, mais requiert un vocabulaire étendu. En fait, une combinaison de communication gestuelle et verbale peut être très efficace (les framboise sont "là-bas", le geste indiquant la direction). On n'a pas besoin de la structure de phrase avec sujet, verbe, complément. Pourquoi ce type de langage ne serait pas apparu non pas indépendemment, mais en parallèle avec le développement du langage utilisé pour la communication sociale? Ou alors ce dernier pourrait être une exaptation, mais ce serait pousser l'hypothèse un peu loin.

Pour en revenir au parallèle ontogénie-philogénie, est-ce que la première étage de l'acquisition du langage n'est pas l'acquisition de vocabulaire, elle-même accompagnée du geste: le jeune enfant demande constamment : "c'est quoi?" en indiquant du doigt un objet, un animal. Aucune syntaxe n'est requise, mais se bâtit dans l'esprit un "dictionnaire" de correspondance mentale entre un objet et un mot (sa représentation sonore).

D'autre part, je poursuis ma lecture du livre de Barbara King. Je note aussi que le langage de type "appel" est déjà courant chez les primates, sous forme de vocalisation servant à maintenir la communication dans les groupes lorsqu'ils sont à la recherche de nourriture. Personne ne semble s'être posé la question si les chimpanzés ou les bonobos se donnaient un nom. Si c'était le cas, ce serait une découverte fondamentale! Du genre de celle de l'usage d'outils chez les chimpanzés par Jane Goodall...

29 novembre, 2005

The Dynamic Dance

J'ai entrepris la lecture de ce livre de Barbara J. King, sous-titré "Nonvocal Communication in African Great Apes". Je n'ai lu que le premier chapître, donc mes commentaires viendront plus tard. Je note tout de même le style agréable, très précis, qui souligne constamment les limites des hypothèses soulevées, ce qu'on ne voit pas nécessairement souvent. L'ouvrage est aussi très bien documenté.

Sur un autre sujet, voici un extrait d'un texte écrit par un extra-terrestre portant sur les humains, récemment intercepté par le projet SETI :

"La résolution de problèmes et les aptitudes cognitives des humains ont fait jusqu'à maintenant l'objet de beaucoup plus d'attention que leurs émotions. Néanmoins, nos données d'observation à long terme montrent que les humains agissent fréquemment d'une façon qui pourrait être décrite comme 'socio-émotionnelle', plutôt que simplement sociale. Les spécialistes ont démontré que ces créatures non seulement planifient leur avenir de façon stratégique (leur statut social et leurs biens matériels, par exemple), mais également s'attachent profondément à leurs partenaires sociaux, incluant leur parenté, et font même preuve d'empathie envers eux. Les humains font montre d'une grande gamme d'émotions lors de leurs interactions avec leurs partenaires proches, mais aussi avec des connaissances plus éloignées, et même avec de purs étrangers, incluant le chagrin, l'agacement, de même que la vengeance et la colère."

On peut contester cette vision un peu simpliste de notre race, qui démontre qu'ils ne nous observent pas depuis tellement longtemps...

Je blague, bien sûr. L'extrait est tiré de "The Dynamic Dance", p.22, et je l'ai librement traduit en remplaçant "great apes" par "humains".

Disons quand même que l'approche de Barbara King rejoint celle de Dunbar en portant l'attention sur l'importance de l'aspect émotionnel de la communication, chez les primates comme chez les humains, qui nous permettra peut-être de mieux comprendre comment nous avons évolué en tant qu'espèce.

L'étude des primates a ceci de fascinant qu'elle nous sert de miroir. Ce sont de si proches parents que nous nous voyons forcément à travers eux. Mais également, le type de regard que nous portons sur eux est très révélateur de la façon dont nous nous percevons nous mêmes... j'espère pouvoir approfondir ce point un peu plus tard.

28 novembre, 2005

Les bonobos

Un article de Frans de Waal originellement paru dans Scientific American. Et un lien sur les bonobos au zoo de Columbus.

27 novembre, 2005

Out of Africa

Un bon article résumant le modèle "Out of Africa" versus le modèle "multirégionaliste" de l'apparition d'Homo Sapiens, sur le site actionbioscience.org.

26 novembre, 2005

La naissance d'homo sapiens

Un des aspects encore le moins bien compris de la théorie de l'évolution demeure, à mon avis, la spéciation, l'apparition d'une nouvelle espèce. Particulièrement en ce que comment la spéciation peut se distinguer de la dérive génétique. D'ailleurs, les créationistes ne se gênent pas pour exploiter cette faiblesse de la théorie pour la discréditer.

Bien sûr, il y a eu l'hypothèse "coup de poing" de Niles Eldredge et Stephen Jay Gould, dite de l' "équilibre ponctué", selon laquelle les espèces sont des états d'équilibre qui évoluent peu, et où la création d'une nouvelle espèce est un phénomène très rapide. Il y a probablement encore bien des nuances à apporter à ce modèle, et la spéciation m'apparaît personnellement (n'oubliez pas mon statut d'amateur...) comme un phénomène complexe pas encore tout à fait bien expliqué.

Ceci dit, on comprend encore moins comment l'espèce humaine moderne (homo sapiens sapiens) est apparue. Nous sommes issus, sans aucun doute, d'Homo Erectus. Homo Erectus est la première espèce du genre Homo à s'être répandue sur une grande partie de la planète, dans une migration qu'on appelle couramment "Out of Africa 1", puisque l'espèce est apparue originellement en Afrique. À en juger par cette expansion territoriale, Homo Erectus était une espèce très prospère sur le plan écologique. C'était la première espèce du genre Homo à avoir cette capacité d'adaptation à des environnements très variés, que ce soit en termes de climat ou de sources de nourritures. D'où on peut déduire que Homo Erectus maîtrisait l'usage du feu, par exemple, et avait une alimentation comprenant déjà une grande partie de viande, beaucoup plus en tout cas que nos ancêtres ou cousins primates.

Ce qui me fascine, c'est qu'Homo Sapiens soit apparu aussi en Afrique, à une époque où Homo Erectus était déjà répandu largement hors de l'Afrique. La plupart des modèles de spéciation impliquent l'isolement géographique d'une sous-population. Comment expliquer qu'une espèce aussi répandue qu'Homo Erectus ait pu avoir une sous-population assez isolée pour donner naissance à une espèce entièrement nouvelle? Je n'ai pas encore trouvé dans la littérature de réponse à cette question.

Homo Sapiens se distingue d'Homo Erectus, entre autres, par un cerveau encore plus volumineux. Jusque là, ça va. Mais ce qui me semble remarquable, c'est que la taille du cerveau chez Homo Erectus a, elle, augmenté constamment sur une période de temps d'environ un million d'années, ce qui va jusqu'à un certain point à l'encontre du modèle de l'équilibre ponctué. Il y a clairement eu évolution d'une caractéristique physique fondamentale à l'intérieur de la même espèce. Bien sûr, lorsque Homo Sapiens apparaît, la taille du cerveau fait un bond "quantique", et d'autres caractéristiques physiques distinctes apparaissent. Quand même, cette évolution progressive du cerveau d'Homo Erectus me chicote!...

Si on en revient à l'hypothèse de Dunbar sur ce qu'il appelle le "cerveau Machiavélique", c'est-à-dire que la taille du cerveau est directement reliée à la grosseur du réseau social, donc à la taille du groupe typique, on peut déduire de son hypothèse que l'apparititon d'Homo Sapiens a fait suite à une augmentation importante de la taille du groupe par rapport à Homo Erectus. La question qui se pose alors est: peut-on déterminer les conditions écologiques qui ont "forcé" une sous-population d'Homo Erectus à agrandir considérablement la taille de son groupe typique?

La taille du groupe est reliée à la protection contre les prédateurs. Le groupe met en commun les activités de surveillance des prédateurs éventuels, et offre du support des autres membres du groupe si l'un d'eux est attaqué. Dans le cas d'Homo en général, on sait que l'alimentation s'est enrichie progressivement de plus en plus de sources de viande. Une carcasse peut être partagée entre plusieurs individus, ce qui favorise également la formation, et possiblement l'agrandissement de la taille du groupe.

On sait aussi qu'Homo, avec son cerveau surdimensionné, est le résultat de ce qu'on appelle la "néoténie". Nous naisson prématurés, et notre développement physique est beaucoup plus lent que, par exemple, celui du chimpanzé. C'est ce qui nous permet d'avoir un cerveau aussi gros, car il continue à grossir après la naissance, sinon l'accouchement serait tout simplement impossible! En même temps, l'humain est pour plusieurs mois après sa naissance un être totalement dépourvu et, sans la protection du groupe, n'aurait pas grand chances de survie.

Il y a donc un ensemble de facteurs favorisant la socialité. Ce qui reste à découvrir, je crois, c'est l'ensemble des conditions écologiques qui ont mené au saut quantique de l'apparition d'Homo Sapiens, et pourquoi, en particulier, ces conditions ont été remplies en Afrique, et pas ailleurs. Comme question secondaire: est-ce que l'apparition du langage, par exemple, a pu déclencher le développement de l'espèce? Je sais: c'est l'oeuf et la poule, mais j'aimerais bien trouver un modèle satisfaisant!

23 novembre, 2005

Le réseau social et les cartes de Noël

Un récent exemple d'une recherche de Dunbar sur la taille moyenne de nos réseaux sociaux: une étude sur le nombre de cartes de Noël envoyées... qui confirme le nombre "magique" de 150...

Robin Dunbar "Grooming, Gossip and the Evolution of Language"

L'apparition et l'évolution du langage chez les humains est un des sujets qui me fascinent. C'est le sujet de ce livre de Robin Dunbar: "Grooming, Gossip, and the evolution of Language", dont j'aimerais parler un peu aujourd'hui.

Le langage est un des traits qui nous caractérisent en tant qu'espèce. On le dit unique dans le monde animal, bien qu'en réalité on n'en sache rien puisque si une autre espèce possédait une forme de langage aussi évoluée, verbal ou non verbal, on ne le comprendrait pas à prime abord. Il n'est donc pas impossible que si on porte vraiment attention aux différents modes de communication, on finisse par dévouvrir une autre espèce animale possédant un langage aussi, ou presqu'aussi évolué que le nôtre.

Cependant, tout indique que le langage tel que nous l'utilisons comme mode de communication, est passablement unique par rapport à ce que nous connaissons des autres espèces. De plus, comme le démontre Dubar dans le livre cité ci-haut, l'apparition du langage est bel et bien reliée à la grosseur du cerveau, notamment la grosseur du néo-cortex. Dunbar a démontré une relation entre la taille du groupe d'individus avec lesquels nous pouvons gérer nos interactions sociales, et la grosseur du néo-cortex, et a proposé un seuil à partir duquel le langage est nécessaire pour permettre la gestion des interactions sociales, en remplacement de l'activité de "grooming" (traduction?) courante chez les primates. L'apparition du langage serait alors le résultat d'un ensemble de conditions qu'on ne retrouve pas nécessairement chez d'autres espèces, et la grosseur relative du néo-cortex en serait un indicateur assez fiable.

La thèse de Dunbar est jusqu'à un certain point révolutionnaire, car il lie l'évolution de la taille du cerveau à l'évolution de la taille du groupe social, et non pas à l'évolution des connaissances techniques, comme c'était le cas traditionnellement. Selon Dunbar, nous avons évolué vers des groupes sociaux plus gros, principalement pour nous protéger des prédateurs, et le cerveau a grossi en conséquence pour nous permettre de gérer les interactions sociales plus complexes, et éviter que les groupes se désintègrent. Les connaissances techniques, comme la fabrication d'outils, ne seraient pas le déclencheur de cette évolution, et pourraient même n'en être qu'une conséquence secondaire. L'utilisation du langage comme facteur de transmission des connaissances techniques ne serait pas non plus un point majeur. En fait, Dunbar a démontré que le langage était utilisé principalement pour le "potinage", d'où le titre de son livre.

Le point de vue de Dunbar est très rafraîchissant, et a un pouvoir explicatif et même prédictif très grand. En effet, il a pu établir des courbes de tendances et prédire la taille du groupe typique humain, à partir des données sur les autres primates. Cette taille est d'environ 150 individus, et c'est un nombre qu'on retrouve de façon récurrente comme limite de complexité même dans nos sociétés modernes.

Une des nouveautés dans son approche, en ce qui a trait au langage et à son évolution, est qu'il s'est attardé au contenu plutôt qu'au contenant, comme le font la plupart des linguistes. Le contenu, c'est ce pour quoi nous utilisons le langage. Comme nous l'utilisons principalement pour nous communiquer entre nous des informations sur nos interactions sociales, il est logique d'en déduire que c'était là le principal facteur qui a amené son apparition.

Je crois pour ma part qu'on pourrait aller plus loin dans cette voie. Le langage est peut-être utilisé en majorité pour le potinage, mais pas en exclusivité. En fait, on pourrait probablement distinguer plusieurs "types" de langage, qui auraient des fonctions différentes. Quand on y réfléchit un peu, on se rend compte également que ces types de langage n'impliquent pas seulement le contenu, mais également la forme (le vocabulaire, la syntaxe utilisée), le contexte social (combien d'individus sont impliqués, qui parle, etc.), et même d'autres caractéristiques physiques, soit le langage gestuel qui vient compléter le langage parlé.

Voici un exemple. Vous êtes au bureau, et il y a une réunion à 9h00 pour discuter de l'avancement d'un projet. Vous arrivez un peu à l'avance, et d'autres sont déjà présents. Vous prenez un café, vous saluez les autres et des conversations informelles ont effectivement lieu, c'est-à-dire, effectivement, du potinage. Ces conversations impliquent une attitude physique qu'on pourrait qualifier de "relax", ou détendue (Dunbar souligne que la conversation libère en effet des endorphines...), et typiquement deux, trois, rarement plus que quatre personnes. À un certain moment, la réunion "commence". Il y a toujours un "chef" de la réunion, un président d'assemblée. Celui-ci (celle-ci) signale le début de la réunion, typiquement en haussant le ton par dessus les autres et en faisant un "appel" à tous. Presqu'instantanément, l'attitude physique des participants se modifie. On se met au "garde à vous": les corps se redressent, les regards se portent vers le président d'assemblée. Le déroulement de la réunion implique que tous parlent typiquement à tour de rôle et transmettent une information "stratégique" aux autres. Des décisions sont prises, à la suite de quoi la réunion est officiellement dissoute. Tous reprennent presqu'instantanément leur attitude physique détendue.

Ce type d'utilisation du langage pourrait être nommé "conciliabule". Notez que le langage parlé est ici d'une importance capitale, et que le langage corporel prend une importance un peu plus secondaire, d'où l'attitude physique "neutre": le garde à vous limite l'expression des émotions, qui n'est pas la bienvenue. La capacité du langage parlé de communiquer des informations factuelles, sur la base desquelles des décisions de groupe peuvent être prises, est essentielle au conciliabule. Quel est typiquement l'objet du conciliabule? En s'en tenant à des besoins fondamentaux du groupe, on pourrait dire qu'il s'agit essentiellement d'une concertation portant soit sur la recherche de nourriture en tant qu'elle peut être facilitée par un effort de groupe, ou encore sur un effort de "guerre", soit la protection du groupe, bien que la guerre soit aussi ultimement une façon de s'accaparer des ressources.

Ce qu'on voit dans cet exemple, c'est que le langage est aussi utilisé pour une concertation quant à l'exploitation des ressources, et que cette utilisation est clairement distincte dans sa forme.

L'enseignement est à ce titre une autre forme de langage. Dans ce cas là, on a typiquement une personne (le maître) qui parle, et une ou plusieurs qui écoutent. Aucune décision n'est prise, et on fait aussi abstraction des émotions. Le maître utilise le langage pour transmettre des informations, qui peuvent être soit techniques, philosophiques, ou encore historiques, autrement dit, du "savoir". On remarquera quand même que s'il s'agit de transmission de savoir technique, il y a dans bien des cas une part importante de communication "gestuelle": on "montre" comment faire. On pense ici plus à une interaction entre un maître et un "apprenti", ou encore une mère et son enfant. La communication gestuelle peut dans bien des cas être même plus importante que le langage parlé.

Finalement, un autre type de langage pourrait être celui de l' "appel". Celui-ci n'implique pas de vocabulaire élaboré, puisqu'il ne consiste qu'à "interpeler". On attire l'attention de quelqu'un en criant son nom. N'est-il pas remarquable, en effet, que tous les êtres humains aient un nom? C'est en effet une des premières choses qui est faite à la naissance: nommer le nouveau-né, de telle sorte qu'il ait déjà une existence propre au sein du groupe, et qu'on puisse l'appeller, et parler de lui.

Il s'agit ici d'idées lancées un peu "en l'air". Je l'ai dit: ce blogue est un endroit où je peux me livrer à mes réflexions et vous les faire partager. C'est aussi une façon pour moi de me forcer à les mettre par écrit...

Aujourd'hui, il fait beau et froid. Tiens, voilà encore un autre type de langage: parler de la température...

Les intéressés ont tout intérêt à lire le livre de Dunbar . Vous pouvez aussi visiter son site à l'Université de Liverpool.

Je n'ai encore trouvé aucun ouvrage qui mentionne les différents types de langage dont j'ai parlé ici. Si quelqu'un a des références, n'hésitez pas à me les communiquer! Je suis personnellement un "amateur" dans ce domaine, et je ne connais pas encore tout ce qui s'y fait!

22 novembre, 2005


Kanzi (moi?) Posted by Picasa

Bonjour!

Alors quoi, je suis le vingt-six millionième blogue à être créé? C'est en soi un événement, non? En tout cas pour moi, c'est le premier, et si par hasard vous aboutissez ici, je vous souhaite le bonjour et la bienvenue!

Peut-être que le titre vous a intrigué? Moi aussi. Mais bon, puisqu'on y est, dans ce siècle, faut bien apprendre à y vivre, et ce sera bel et bien le sujet de mon blogue.

Banal? Attendez! Lisez jusqu'au bout, et à tout le moins revenez pour les quelques prochains messages, le temps que je définisse un peu mieux ce que je veux faire, et que vous familiarisiez à mon style (si il existe...). Pour ce matin, je vais plus ou moins improviser, et si ce n'est pas clair, on y reviendra.

On commence donc, ici.

Premièrement, qui suis-je? Aucune importance. Je suis un être humain comme vous tous, et je fais face aux mêmes questions que vous tous, et que tous ceux qui nous ont précédé et qui vont nous suivre sur cette Terre (et peut-être ailleurs éventuellement...). C'est donc en tant qu'être humain que je vous parle, et ce dont je parlerai, c'est de ma propre exploration de toutes ces questions qui me hantent. Et le vingt-et-unième siècle là dedans? Justement, il se trouve qu'un tas de ces questions, philosophiques ou scientifiques (en fait, les deux, vous me voyez venir), ont des réponses toutes fraîches, ou à tout le moins des avenues de réponse nouvelles. Et ce serait bien le temps, si on veut passer à travers le prochain siècle sans être trop ammoché, d'en prendre acte.

Moi, je ne les ai pas les réponses. Je vous l'ai dit, ceci est une exploration, qui se fera au fil de mes lectures, de mes réflexions, vous verrez bien au fur et à mesure (et moi aussi d'ailleurs).

Est-ce que je m'appelle vraiment Kanzi, demanderez-vous? Pourquoi pas! Les petits malins qui ont un peu de culture (les autres, ne vous sentez pas insultés) se souviendront que Kanzi est un bonobo à qui Sue Savage-Rumbaugh a appris à parler en tapant des symboles sur un clavier. Ça me ressemble, non? Vous pouvez donc, si ça vous chante, m'imaginer comme un bonobo qui tape sur un clavier. Vous entendrez beaucoup parler de chimpanzés, bonobos, gorilles dans mon blogue. Pourquoi? Simplement parce que ce sont nos plus proches parents, et que nous avons beaucoup à apprendre sur nous en en sachant plus sur eux.

Juste un exemple, et je vous laisse. 350,000 personnes, vous croyez que c'est beaucoup? C'est la population d'une ville moyenne, vous savez le genre d'endroit où il fait bon vivre et où on ne se sent pas encore tout à fait anonyme. Alors imaginez vous que vous reculez dans vos ancêtres, jusqu'au 350,000e avant vous. On est où? Chez les Romain? Vous ne savez pas compter. L'homme des cavernes? Ça n'existe pas, vous devriez le savoir. Un australopithèque? Pas encore. Cet ancêtre, c'est un primate, il n'a pas vraiment de nom, il n'existe plus aujourd'hui, et il (elle) est notre ancêtre commun à nous, et aux chimpanzés et bonobos de toute la terre. Vous voyez, ce n'est pas si loin. Je vous l'ai dit, on s'en reparlera.

Bonobo, bonobo, vous ne savez pas ce que c'est? Bien sûr on n'en parle jamais des bonobos, et je me demande pourquoi. Faites un petit Google, et allez voir ce que Franz de Waals a écrit sur eux. Les bonobos sont une des trois espèces de chimpanzés. La plus connue, c'est probablement celle que vous connaissez aussi. Ils ont l'air charmant comme ça mais sont plutôt violents, les chimpanzés. Les bonobos, eux, pratiquent assidûment l'amour libre et la sexualité est pour eux le meilleur moyen de régler les conflits. Beaucoup plus pacifiques, en fin de compte. J'aimerais que ça me ressemble, mais moi, je suis de la troisième espèce de chimpanzé, celle qu'on appelle "homo sapiens sapiens". Deux fois "sapiens" (sage), comme pour bien insister, alors que nous sommes de loin l'espèce animale la plus violente et la plus cruelle envers ses semblables.

"Le troisième chimpanzé", c'est aussi le titre d'un ouvrage de Jared Diamond, qui a aussi écrit "Guns, germs, and steel" ("De l'inégalité parmi les sociétés" en traduction française), deux livres que vous devriez courir acheter ou emprunter dans un bibliothèque près de chez vous. Je vous l'ai dit, on en reparlera....

Voilà, la matinée avance, le temps est gris, on nous annonce de la neige pour cet après midi. Je n'ai rien de mieux à faire que ce blogue. Un jour, peut-être, j'aurai un travail comme tout le monde. En attendant, je vis. En ce 21e siècle, comme dirait l'autre, c'est déjà ça.